Par
Tartinette dans
Tanquam aegri somnia le
26 Octobre 2004 à 23:16
La spire du temps s'enroule autour de moi, serpentin lugubre distordu par la fuite, et moi je tombe, je tombe... La cendre qui choit me brûle le menton et ma plainte sourde ne retient rien, ni les secondes qui coulent par la brêche béante, ni les rires lointains des êtres étranges qui peuplent ce monde. Mes yeux semblent travailler pour l'ennemi, me déroulant de longs visages hideux et ricanant, ou des tourbillons colorés à la fois immobiles et strident. Une face absurde, grande bouche sans dents se penche sur moi et me souffle son haleine souffrée au visage, en poussant de longs hullulements blessés que dans ma folie je prend pour des lamentations, et ses yeux tortueux versent des fluides lumineux qui coulent sur mes vêtements et brûlent ma peau, y creusant d'étranges symboles magiques et démoniaques.
Mon corps s'est allongé, mes bras, de plusieurs dizaines de mètres traînent sur le sol, abimés, inutiles et je rassemble mes forces pour dresser ma carcasse qui gémit et ondule. L'étrange créature au masque flou m'attrape par la taille, là où un vide s'est creusé et ne réussit qu'à pincer un filet de chair. Les sons distordus se chevauchent telles une bande FM déchaînée et mon crâne tente de s'enfuir par mes trois orbites, creuses et câves. Le sol est à marée haute et la houle menace de me jeter bas mais néanmoins notre étrange équipage franchit la dernière porte. La dernière chose que je verrai ce soir sera le fond de la cuvette des toilettes, duquel un globicéphale m'adresse un clin d'oeil complice avant de replonger dans le magma jaune et visqueux qui lui sert de maison. Demain, c'est gueule de bois.
Ayéééééé Alchy.