• Orgueil

     

    Kim est assise sur le rebord de la fenêtre, son dos dénudé offert aux rayons chauds de ce soleil d'automne, et le stick coincé à la commissure de sa lèvre rouge sang exhale un parfum fort et entêtant d'herbe et de plantes. Son regard est concentré sur ses pieds, et sa main manipule avec précision le petit pinceau qui laque ses ongles de femme fatale. Assise sur le tapis je la regarde faire, en feuilletant paresseusement le magazine qu'elle a déposé sur la table en arrivant. Les pages sont remplies de mannequins fades et maigrichonnes, qui ne plaisent pas non plus au chat puisqu'il se met à déchiqueter la couverture de ses petites canines pointues.

    J'avale d'une gorgée le fond de mon verre et je demande à Kim si je peux la prendre en photo.

    "- Bien sûr, qu'elle fait, en articulant pas trop pour ne pas perdre son joint. Tu fais tout ce que tu veux poupée, sauf me faire rire, j'ai pas de dissolvant.

    - J'en ai t'en fais pas, sauf si Lurp à tout sniffé."

    Elle pouffe. "Putain qu'est-ce que je t'ai dit? Me fais pas rigoler grosse naze!"

    Tout en préparant l'appareil je la mate du coin de l'oeil, c'est vraiment une fille magnifique. J'avoue un net penchant esthétique pour la beauté féminine, même si ça n'induit aucune attirance physique. Je trouve tout simplement le corps féminin infiniment séduisant, fait de courbes et de creux, la lumière y fait naître des ombres mouvantes sur une peau lisse et velouté qui accroche le regard, ses hésitations et ses attitudes me mènent parfois au bord des larmes.

    Kim ressemble à une de ces anciennes stars du cinéma, d'une féminité exacerbée par sa chevelure blonde platine, son maquillage d'une autre époque et ses formes plantureuses. Je lève l'objectif vers elle et cherche le meilleur angle pour saisir cet instant où elle arbore une moue contrariée, un faux mouvement du pinceau sûrement, ou bien celui où ses mèches lumineuses s'échappent de derrière son oreille et viennent lui chatouiller les joues. En sa présence je me sens terriblement quelconque, et j'ai la sensation bizarre d'être devenue invisible, happée par l'auréole de lumière qui l'entoure. Je prend encore quelques clichés, et lorsque sa séance vernissage est terminée, je pose l'appareil et nous verse deux whiskys bien tassés. Elle me passe le joint déja bien entamé, et le bâtonnet rougeoyant me réconforte un peu. Kim s'assied à côté de moi, je sens l'odeur entêtante de son parfum m'envahir. Sa main baguée soulève doucement mon menton et tient mon visage dans la lumière. Elle me dit: "J'ai toujours rêvé d'avoir une beauté étrange, comme la tienne. Ton visage est si expressif, si grave et émouvant... On y lit une histoire, on a envie de s'y perdre. Ce sera à moi de te prendre en photo la prochaine fois. Mais je ne suis pas sûre que la pellicule soit capable d'imprimer ton humanité."

    Gênée, je dégage mon visage de ses mains douces et consume la moitié de ma cigarette en une seule inspiration. Je la regarde du coin de l'œil, et m'aperçoit qu'elle est sérieuse, troublée.

    Les yeux baissés, je bafouille un « merci » à l'attention de ses ongles rutilants, et me laisse submerger par l'onde de plaisir. C'est honteux, mais ça fait du bien à mon égo tiens...


  • Commentaires

    1
    Maitresse des lieux
    Lundi 11 Octobre 2004 à 09:22
    Je persiste...
    ... à ne pas comprendre pourquoi ce texte refuse de s'afficher en Verdana, comme tout le monde. 'culé, va!
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