• "Ce que j'aime en ma folie, c'est qu'elle m'a protégé, du premier jour, contre les séductions de "l'élite": jamais je ne me suis cru l'heureux propriétaire d'un "talent": ma seule affaire était de me sauver - rien dans les mains, rien dans les poches - par le travail et la foi. Du coup ma pure option ne m'élevait au dessus de personne: sans équipement, sans outillage, je me suis mis tout entier à l'oeuvre pour me sauver tout entier. Si je range l'impossible Salut au magasin des accessoires, que reste-t-il? Tout un homme, fais de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n'importe qui."

                                                     J.P. SARTRE, "Les mots", 1964.

     


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  • Parce qu'il y en aura toujours pour se demander qui de la poule ou de l'oeuf, je recommande le peyotl, l'absinthe, la mescaline et même l'herbe à chat afin de sauver votre âme de ces interrogations superfétatoires et intrinsèquement réductrices. Il est grand temps d'acclamer l'hypocrisie et d'enfin, se nettoyer le nombril.

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  •           Parfois, au milieu des révolutions incessantes de la roue, il m'était donné d'entr'apercevoir la nature du saut qu'il me faudrait faire. Se dégager d'un bond du mécanisme d'horlogerie - telle était la pensée liberatrice. Etre quelque chose de plus (quelque chose de différent) que le maniaque le plus brillant de ce monde! La fable de l'homme de ce monde m'ennuyait. La conquête, fût-ce la conquête du mal, m'ennuyait. Rayonner la bonté, c'est merveilleux, parce que tonique, revigorant, vivifiant. Mais être simplement, c'est encore plus merveilleux parce que cela n'a pas de fin et parce que cela ne demande aucune démonstration. Etre, c'est une musique, une profanation du silence pour le plus grand profit du silence; être, cela se situe par delà le bien et le mal. La musique, c'est la manifestation de l'action sans l'activité. C'est l'acte de création dans toute sa pureté, se baignant dans son propre sein. La musique ne stimule pas plus qu'elle n'interdit, ne cherche ni explique. La musique, c'est l'écho silencieux du nageur dans l'océan de la concience. C'est une récompense qui ne peut être accordé que par soi-même à soi-même. C'est le don du dieu que l'on est, parce que ce dieu à cessé de penser à Dieu. C'est un augure du dieu que chacun finira par devenir en temps opportun, quand tout ce qui est finira par être, au-delà de toute imagination.

                                                                Henry Miller

                                              Tropique du Capricorne, (1939)


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