• Depuis ce matin je me traîne sur le dos sept kilos de travail, sept kilos de savoir, sept kilos de futur. C'est plaisant mais quelque part ça m'impressionne, je n'ai plus l'habitude, saurai-je encore y faire? En attendant ça me fera toujours une bonne excuse pour poster moins de quinze lignes par semaine sur bloggland.


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  • Je viens de remarquer que les statistiques sur Bloggland ont disparues, et je trouve ça très bien.

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  • Je me suis perdue de vue (le premier qui fait un jeu de mot à base de Jacques Pradel se prend une mandale virtuelle, c'est sérieux ici bordel), je disais donc je me suis perdue de vue. En revanche si l'un de vous me retrouve, qu'il n'hésite pas à me rendre à moi-même. C'est si étrange, ma tête n'est pas si grande que mes idées s'y sont noyées, dans le précieux liquide céphalo-rachidien, dissoutes et dissolues elles serpentent à présent, vagues reliques de ce que je fût, ombres qui plane sur le reste, juste assez pour qu'on ne puisse les oublier (ce qui serait probablement la seule façon de les faire disparaître pour de bon) mais trop ethérées à présent pour être utilisées.

    Bien sûr, je l'ai cherché. On ne peut pas impunément jouer au savant fou avec quelque chose d'aussi sérieux et inutile que le contenu d'un être humain, le contenu immatériel bien sûr. J'ai voulu m'opérer, me mutiler, refaire les connexions dans d'autres sens pour aboutir à d'autres choses, j'ai pincé dans les forceps sans délicatesse mes valeurs les plus intimes afin de les plier à mon idée, j'ai injecté à grand coups de seringue hypodermiques des pensées étrangères dans les circonvolutions peu râgoutantes du cervelet, j'ai même taté du scalpel mes convictions et mon caractère afin de les retailler comme sur le modèle. "Bonjour je voudrais le cerveau de Kant", ai-je demandé à mon chirurgien en entrant d'un pas décidé dans le cabinet. Mais le chirurgien, qui n'était autre que moi-même habilement planqué sous un masque de papier - ce filou en a profité pour faire de moi sa créature, son cobaye, a qui il a infligé sa propre loi et ses envies furieuses. Je pense qu'il m'avait reconnue, malgré ma perruque et mes bottes de sept lieues. Néanmoins je suis dans de sales draps maintenant, tiraillée entre ce que je fût et ce que je faillis devenir, je ne suis plus rien, ou alors je ne le sais pas... Je suis anonyme à moi-même, n'est-ce point déroutant? Je suis bien punie d'avoir naïvement, dans ma folie, pensé que je pourrais devenir ce que je voulais être à la seule force de mon esprit, car j'ai tenté de changer l'or en plomb, c'est la victoire de la réalité sur la passion, et je me suis brulé les ailes de la raison à vouloir maîtriser et dominer mes sentiments, à l'utopiste. Désormais la folie douce qui m'irrigue s'empare du vide, car c'est bien un vide, lorsque l'être décide en son for intérieur de s'effacer, de s'estomper afin de ne plus se nuire. Finalement dois-je me désoler de n'avoir pas atteint mon affreux but? Car tout est bien plus doux et fragile à présent, comme je me débat dans l'incertitude molle de mes opinions, et il ne me reste qu'à éradiquer la conscience pour sombrer dans la béatitude la plus totale et ainsi échapper aux tourments de ce que je suis, et de ce que je veux être, qui ne sont pas la même personne. Alors j'aurai peut-être réussi. Alors, je pourrai recommencer à écrire ici, de façon plus limpide.

    Et même le style n'y pourra rien.


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  • Il y a quatre mois, bébé chaton rejoignait notre pas si doux foyer, tout gris sur ses quattres pattes mignonnes, un peu touffu, une petite truffe, deux yeux immenses et des activités ridicules, comme attraper sa queue, escalader le séchoir à linge ou faire tarzan en moins adroit après les rideaux. Après quelques hésitations "est-ce qu'il sera heureux en appartement?" "est-ce qu'il va tout démolir?" et "ca va nous coûter cher en véto ce caprice", finalement ce fût oui, et la bestiole déboula, un beau jour, intrépide et pas du tout intimidée par les 80 mètres carrés qui s'offrait à elle, pas plus que par les deux humanoïdes inconnus qui le suivait pas à pas avec des remarques niaises et débilisantes. J'avais l'exemple d'amis dont les chats pantoufflards semblaient défaillir de bonheur en appartement, nullement opressés par l'obligation de chasser les souris, heureux de ne pas avoir à affronter la pluie et la neige et délivrés du souci de grimper bêtement aux arbres pour avoir l'air d'un chat normal. Je pensais donc que Chaton, né dans un petit studio et ignorant des plaisirs de la nature serait content de son sort, et que notre appartement déja vaste serait un bon terrain de jeux.

    Las. Nous voici quatre mois après, et je m'horrifie de m'apercevoir que nous n'avons pas le bon chat. Je m'explique: on connaissait le chat normal, un animal curieux, avide de croquettes, satisfait d'un canapé moelleux, sportif un quart d'heure par jour avec son appareil de muscu, une souris en plastique. Mais le notre, pauvre petite chose, est un fauve intrépide et aventurier, qui n'a peur de rien ni de personne, qui n'a de cesse de se battre, de courir, de sauter partout, qui n'aime rien tant que les sorties chez le vétérinaire car elles lui font voir du pays, et qui ne se laisse intimider par quiconque, et escalade indifférement les amis, le facteur et les parfaits étrangers. J'y pense, c'est peut-être un chien habilement déguisé en chaton...

    Quoi qu'il en soit, la bestiole a du mal à se contenter de son grand appartement, malgré les tonnes de jouets qui encombrent le sol, on dirait la chèvre de monsieur Seguin... Le voilà qui s'enfuit sans cesse dans l'escalier, qui miaule desespérement devant les portes et gratte les fenêtres pendant des heures pour faire un remake de la grande évasion. Je suppose que c'est son caractère qui est en question, c'est un chaton trop actif, trop aventurier, pas assez casanier pour se satisfaire de notre intérieur, pourtant assez spacieux. Ses crises de folie se multiplient, il devient agressif envers nous, pousse des miaulements effroyables, fais des saltos arrières... Je ne remet pas en cause le fait qu'un chat puisse être heureux en appartement, mais je crains que celui ne puisse pas.

    Et je m'en veux, j'ai le syndrôme de la mauvaise mère.

    Castration imminente, pourvu que ça le calme. Pourvu.


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  • "- T'as pas faim toi?" je demande.

    Lurp marmonne une incompréhensible bouillie de mots, mais le mouvement de sa tête laisse à penser que non, il n'a pas faim. Pas très étonnant, il doit avoir l'estomac aussi en vrac que la tête à force d'ingurgiter les Xanax comme des bonbons. Je me lève lourdement de mon fauteuil, bien décidée à remplir mon estomac avec quelque chose de solide pour changer, et me dirige avec mes semelles de plomb vers la cuisine, qui pour l'occasion se trouve au moins à trois kilomètres. Je viens de dormir plus de 14h, et je n'ai jamais été aussi fatiguée de ma vie. Un genre de cercle vicieux, la fatigue. A bien y réfléchir, je ne suis pas fatiguée, j'ai sommeil, c'est pas la même chose, les insomniaques comprendront. Mon estomac s'agite et les borborygmes qu'il produit semblent exiger, si ma traduction est exacte, une quantité monstrueuse de nourriture, chaude et salée de préférence. J'ose m'imaginer qu'il n'y a rien de tel à l'instant dans cette cuisine... J'ouvre un à un les placards, tous aussi desespérément vide hormis de vieille boîtes de sardines (c'est pas chaud) et des paquets de pâtes à moitié vide (encore moins chauds). Il ya bien un quart de tarte aux pommes qui reste, mais il n'est pas salé (et c'est une bonne chose, si si).

    Rassemblant tout mon courage, je me traîne jusqu'à la salle de bain histoire de réintégrer mes loques d'hier, et il me faut une bonne demi-heure pour enfiler et lacer mes chaussures. L'idée d'abandonner m'a déja effleurée une bonne quinzaine de fois, l'appel du lit, sa douceur et sa chaleur me suppliciant. Je jette un dernier regard à la loque qui me sert occasionellement de petit ami, hésitant entre le secouer, le doucher et l'habiller pour l'emmener avec moi, ou l'achever avec deux trois coups de pieds bien sentis. De peur que la deuxième solution l'emporte, je sors en catastrophe, et à l'instant ou le battant de la porte blindée s'enclenche derrière moi, je réalise que j'ai oublié ma clé. Bon, qu'à cela ne tienne, dans son état il ne pourra ouvrir à personne avant longtemps, autant demander au chat de le faire. Résignée, je descend l'escalier et débouche enfin à l'air libre, il est 14 heure, nous sommes en novembre et il fait un temps magnifique. J'opte pour un grec sauce blanche bien dégoulinant avec trois tonnes de frites, me retient de le manger avec delectation pendant 10 mn et m'avachit sur un banc du parc, la salive coule en moi par litres, je sors de ma besace mon livre du moment, et mords avec bonheur dans le sandwich moelleux. Et là, la liberté m'envahit.

    PS: spéciale kassdédi à B., je sais qu'il lit ce blog.


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