• Il est temps pour moi je crois de grandir, de cesser de craindre l'âge adulte, ou plutôt de cesser de craindre ma féminité.

    Je rêve de guépières transparentes et révélatrices, de talons aiguilles affutés, de jupes fendue jusqu'à l'interdit, mais je n'arrive pas à quitter le cocon réconfortant de mon baggy et mes baskets. Je veux bien vamper dans la pénombre de notre chambre à coucher, mais je ne peux me résoudre à sortir en pleine lumière vétue de féminité. Je collectionne dans ma penderie divers accessoires sexys et envoutants, mais ils prennent la poussière, et s'accumulent, désolés.

    Je ne me sens pas réellement capable d'assumer la féminité (je ne dis pas MA féminité d'ailleurs). Oui je peux me déguiser, oui je peux l'espace d'un soir me trémousser en robe légère, mais je tirerai dessus à chaque instant, contente de mon apparence mais honteuse d'attirer les regards, incapable de supporter le poids du désir que j'inspire. Le décalage entre ce que j'aimerais être et ce que je suis me semble infranchissable, alors que dans le fond tout ça n'est rien. Mais je me sens vieillir (pas beaucoup je vous l'accorde) et le temps arrive où il faudrait probablement que je cesse de me déguiser en adolescente, pour devenir enfin papillon. Malheureusement ma chrysalide est trop confortable, et je rechigne à en sortir.

    Je suis extremiste et je ne conçois pas un milieu banal: je me veux garçon manqué, baskets miniatures à mes petons et cache-oreille enfantin sur le crâne, couleurs gaies et maille moelleuse, ou alors je me rêve femme fatale, haute perchée et matières nobles. Evidemment cela recquiert une certaine souplesse, comme grand-écart. Mais Lurp me trouve tellement mignonnne, avec mes pyjamas dégingandés et ma frimousse nature, que j'ai peur de lui déplaire une fois grimée. Pourquoi grimée? C'est le coeur du problème. Mais quand je me regarde ainsi parée, je me sens ridicule et déplacée, alors rageusement j'enlève mes beaux atours et cours me réfugier dans mes vieux jeans. Et lui de me rassurer en me trouvant belle et désirable, en me promettant que je suis diablement sensuelle et non pas risible... Mais rien n'y fait, mon propre regard est trop cruel. Pourtant je le sais, je le veux, je veux être à la fois cette gamine innocente et d'une candeur attirante, et à la fois cette femme chic et sexe, au regard noir et aux lèvres ourlées, à l'attitude sûre et certaine, aux gestes raffinés et obsédants.

     Ne puis-je donc gérer sereinement l'image d'une femme épanouie et assumée? Ne puis-je accepter sans rougir et nier les compliments, sans devenir agressive à l'évocation d'une certaine part de joliesse chez moi? J'aimerais en être capable, sans pour autant le provoquer. J'aimerais être capable de croire quand on me dis "tu es belle", que c'est vrai.

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  • Est-ce que tenir 4 blogs à la fois c'est trop? Est-ce que c'est ça qu'on appelle l'addiction? Allez-y, soyez honnêtes, j'encaisse.

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  • L'air glacial fouette mon visage dès que je sors du cinéma, la nuit est noire et pure, sans le moindre rayon lunaire. Malgré mon manteau épais et mes gants douillets, le froid me transperce et je sens ma chair se hérisser douloureusement et mes yeux s'embuer au rythme du nuage de vapeur que j'exhale à chaque expiration. Je salue Tom et Layla, décline poliment leur offre de me raccompagner pour leur épargner un détour, les sentant pressés de se retrouver seuls. Lorsque je remonte la ruelle sombre qui mène à l'arrêt de bus, je réalise que je suis seule, nous avons traîné un peu avant de sortir du bâtiment et les autres spectateurs ont déja dû prendre le bus, je devrai attendre seule dans le noir, tant pis. A l'âffut du moindre bruit, un peu inquiète de ma situation - j'ai toujours eu une grosse tendance paranoïaque - je sursaute au moindre crissement de gravier et mes yeux s'écarquillent en larmoyant pour discerner les plus infimes mouvements dans la pénombre. J'arrive sur la plate forme où attendre le bus, le lieu est mal éclairé, quelques lampadaires fatigués distribuent parcimonieusement une lueur jaune vacillante qui peine à atteindre les recoins. Comme je le pensais, je suis seule, et probablement quitte pour une longue attente à cette heure avancée de la nuit. J'entre dans le cercle vaguement lumineux qui tremblote au centre de la plate forme et fais un tour sur moi même, tous sens en éveil afin de discerner une éventuelle menace tapie dans l'ombre: rien. Rassurée, je me tourne vers le panneau de plastique afin de consulter les horaires de la prochaine navette, j'ai hâte de rentrer dans le cocon chaud et rassurant de mon chez-moi. Je finis à peine mon mouvement pour me placer face au panneau quand je sens qu'on me ceinture par derrière, et qu'un bras se coince sous ma gorge, m'étouffant à moitié. Moi qui avait toujours cru que j'étais capable de me débattre un peu, je réalise que mon agresseur fait une bonne tête de plus que moi et que sa prise est ferme. Je jette quelques coups de pied au hasard derrière moi, essayant d'atteindre ses jambes, mais sans succès. Réalisant que je m'épuise à gigoter pour rien, je cesse tout mouvement et me met à hurler, en me demandant bêtement "oui mais hurler quoi? au secours? à l'aide? c'est ridicule quand même!". J'opte finalement pour un "au secours" beuglé de toutes mes forces, mais au bout de quelques cris je réalise avec angoisse - oui l'angoisse arrive quand on s'aperçoit qu'on ne sait plus quoi faire- je réalise donc que personne ne viendra m'aider, le quartier est à moitié desaffecté et par cette nuit glaciale qui peut bien se promener dehors? Je lâche mon sac, espérant sans trop y croire que l'homme se contentera de ce butin, mais évidemment non, je sens une lame froide remplacer sur ma jugulaire l'etau du bras, et je respire un peu plus malgré la bouffée de panique qui m'assaille. L'homme me manipule comme un pantin démantibulé à présent, il me retourne face à lui et je n'ose pas regarder son visage. Sa lame s'enfonce un plus plus dans la chair douce de mon cou tandis qu'il m'ordonne de baisser mon pantalon. Je suis absente, je ne suis plus dans ma tête, à présent je sais ce qui va se passer et je sais également que je ne peux plus l'empêcher. Je n'espère plus qu'une chose: que je vais m'en sortir vivante. Lentement, très lentement, le viol se déroule comme dans un cauchemar, mes yeux morts n'imprimant aucune des images que pourtant ils voient, je ne ressens qu'un immense froid en moi, je n'oppose aucune résistance, la lame m'entaille déja à chaque mouvement de l'homme. Lorsqu'il a fini il se rhabille, et m'obligeant à le regarder de la pointe de son arme, il sourit d'un air cruel, et m'intime l'ordre de lui remettre ma cart d'identité. Je m'exécute, le cerveau en compote, le corps gelé par la morsure du vent hivernal, alors que des idées se battent dans mon crâne pour essayer de comprendre où il veut en venir. Il me regarde de ses yeux perçants et range la carte dans sa poche ostensiblement, et ajoute de sa voix eraillée que je n'oublierai jamais "Ne dis rien, ne fais rien contre moi. Je sais qui tu es, où tu habites, je te tuerai, toi ou ta mere". Il me jette mon sac au visage et je m'effondre sur moi-même, le visage crispé, les yeux secs, les jambes pantelantes, cul nu sur le sol humide et boueux. Lorsque je rouvre les yeux il est parti, mais son odeur est sur moi, en moi, et je vomis pendant dix minutes. Lorsque mes pieds sont insensibles, engourdis par le froid, je ramasse mon sac et cherche en tatônnant de mes doigts raides mon téléphone. Je ne dirai jamais à personne exactement ce qui s'est passé cette nuit là.


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  • La spire du temps s'enroule autour de moi, serpentin lugubre distordu par la fuite, et moi je tombe, je tombe... La cendre qui choit me brûle le menton et ma plainte sourde ne retient rien, ni les secondes qui coulent par la brêche béante, ni les rires lointains des êtres étranges qui peuplent ce monde. Mes yeux semblent travailler pour l'ennemi, me déroulant de longs visages hideux et ricanant, ou des tourbillons colorés à la fois immobiles et strident. Une face absurde, grande bouche sans dents se penche sur moi et me souffle son haleine souffrée au visage, en poussant de longs hullulements blessés que dans ma folie je prend pour des lamentations, et ses yeux tortueux versent des fluides lumineux qui coulent sur mes vêtements et brûlent ma peau, y creusant d'étranges symboles magiques et démoniaques.
    Mon corps s'est allongé, mes bras, de plusieurs dizaines de mètres traînent sur le sol, abimés, inutiles et je rassemble mes forces pour dresser ma carcasse qui gémit et ondule. L'étrange créature au masque flou m'attrape par la taille, là où un vide s'est creusé et ne réussit qu'à pincer un filet de chair. Les sons distordus se chevauchent telles une bande FM déchaînée et mon crâne tente de s'enfuir par mes trois orbites, creuses et câves. Le sol est à marée haute et la houle menace de me jeter bas mais néanmoins notre étrange équipage franchit la dernière porte. La dernière chose que je verrai ce soir sera le fond de la cuvette des toilettes, duquel un globicéphale m'adresse un clin d'oeil complice avant de replonger dans le magma jaune et visqueux qui lui sert de maison. Demain, c'est gueule de bois.

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  • Bah voilà, après 1 mois et demi de turpitudes bloggestres, j'ai une panne d'erect... euh, d'inspiration. Dès que j'aurai réussi à me procurer du Blogra je reviens.

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